Bonsoir Rima Abdel-Malak. 52:32 Bonsoir. 52:33 Merci d'être, de faire votre entrée politique ce soir à France Culture. 52:38 En l'instant nous écoutions le rappeur Médine avec les deux jeunes Toulousains géniaux Bigflo et Oli. 52:42 Il ne vous a pas échappé, Rima Abdel-Malak, que Médine a invité aux universités d'été des Verts et de la France Insoumise tout récemment à susciter une très vive polémique. 52:51 Quel est votre avis sur ce sujet ? 52:53 C'est normal que cette polémique ait pris cette ampleur parce que Medin ces dernières années a eu quand même un certain nombre de propos et d'attitudes très problématiques. 53:04 De la quenelle qui est un geste très clairement antisémite à des paroles de chansons comme je vais scier l'arbre de la laïcité ou mettre une fatwa sur les têtes des cons jusqu'à un tweet récent. 53:14 qui sent assez fort des relents d'antisémitisme attaquant Rachel Khan, mais aussi des propos homophobes. 53:22 Bref, on ne va pas tous les lister, donc effectivement c'est très étonnant que les Verts choisissent de l'inviter lui pour un débat en plus qui aurait pu être intéressant sur la force de la culture. 53:34 En tout cas, le début du débat, c'était censé être ça. 53:36 Et je ne comprends pas pourquoi, sur la force de la culture dans les quartiers, il y avait dix mille autres personnes qu'il pouvait inviter. 53:42 Pourquoi pas inviter des acteurs associatifs, des acteurs culturels qui sont engagés sur le terrain ? 53:48 J'ai plein de propositions à leur faire. 53:49 Est-ce qu'il montre qu'il s'occupe finalement plus de questions liées à l'extrême gauche au quartier que de l'écologie ? 53:58 Non mais là, ils s'occupent de rien du tout avec ce débat. 54:00 C'est ni un débat sur l'écologie, ni un débat sur la culture, ni un débat sur la liberté d'expression. 54:06 Ils se sont fourvoyés dans une tentative de buzz. 54:11 Et d'ailleurs, ça a marché, puisqu'on n'a parlé que de ça pendant plusieurs semaines. 54:14 Et ça a fait une formidable publicité à Médine, que je regrette, parce qu'il y avait plein d'autres acteurs à mettre en avant. 54:20 Je pense à Zahia Ziouani, par exemple, cheffe d'orchestre qui travaille dans les quartiers depuis Stein, 54:25 Elle a commencé, ou Alain Deguas surnommé Papy, qui a révolutionné l'improvisation en France, qui a révélé Jamel Attrape, Sophia Aram et tant d'autres, et qui continue à oeuvrer dans les quartiers. 54:36 Bref, il y a plein d'exemples de personnes qu'ils auraient pu mettre en avant pour ce débat. 54:40 Vous devriez être conseillère chez Les Verts, je me dis. 54:42 Claire Bommelard. 54:42 Non merci. 54:43 Ries, le rédacteur en chef de Charlie Hebdo, qualifie Medine de sergent recruteur pour l'extrême gauche. 54:52 Vous êtes d'accord avec cette proposition ? 54:54 qu'on le met en avant, on l'utilise, et comme ça on touche les gens des quartiers. 55:00 Je ne sais pas qui utilise qui, en tout cas je pense qu'aujourd'hui la lutte contre l'antisémitisme ne doit avoir aucune ambiguïté. 55:09 Et entendre Médine dire que c'était des maladresses, tous ces propos passés, 55:16 C'est trop facile, ce mot n'est pas du tout à la hauteur de la gravité de la situation. 55:19 Surtout qu'il y a le tweet sur HLK très récent. 55:22 Qui est absolument très très récent. 55:24 Donc tout ça ne peut pas être qualifié simplement comme ça en toute légèreté de maladresse. 55:28 C'est bien plus grave qu'une maladresse et pour moi c'est inadmissible. 55:31 Vous évoquez souvent, et on va en parler, mais la priorité aussi de parler au quartier. 55:36 Il y a eu des bibliothèques brûlées, des MJC durant les émeutes. 55:40 Est-ce qu'il ne faut pas aussi parler, y compris à des gens qui ne sont pas entre guillemets forcément nos amis ? 55:46 On parle tous les jours à toutes les personnes qui vivent dans ces quartiers via des acteurs culturels, je vais en citer deux tout à l'heure, engagés via des associations qu'on soutient, via des bibliothèques. 55:57 Je tiens énormément à la place des bibliothèques partout en France, il y en a 16 000 dans notre pays que nous soutenons aux côtés des collectivités. 56:04 La semaine prochaine d'ailleurs, je lance une campagne de mobilisation autour des bibliothèques parce qu'effectivement au début de l'été, il y a eu 50 bibliothèques incendiées, c'est beaucoup trop. 56:14 On ne peut pas accepter en 2023 de voir des livres partir en fumée. 56:17 Ce sont quand même des images qui évoquent des moments absolument horribles de notre histoire. 56:22 On ne peut pas accepter ça. 56:24 Or ces bibliothèques sont des lieux de proximité, facilement accessibles, gratuits, qui sont aussi des lieux de pacification, de savoir, de transmission, des lieux de vie. 56:32 Et je veux vraiment que dès la semaine prochaine, on incite tous les Français à s'inscrire en bibliothèque et à protéger, valoriser leur bibliothèque. 56:40 Vous êtes venue ce soir dans Soft Power, une mission notamment consacrée aux industries créatives, aux médias, aux numériques, c'est-à-dire des sujets qu'on dit ICC pour Industrie Culturelle et Créative. 56:50 Je vous propose de commencer par des sujets ICC dans cet entretien et notamment par l'une des ICC qui est la presse, Emmanuel Paquette. 56:59 Oui, alors ça ne vous a pas étonné, mais le JDD, le journal du dimanche, a changé de directeur de la rédaction il y a peu de temps. 57:04 Le gouvernement, pour l'instant, ne veut pas que des membres du gouvernement donnent des interviews. 57:08 Et je voulais savoir si vous, vous étiez aligné sur cette demande, ou si vous pourriez donner une interview, sachant qu'aujourd'hui, il y a eu quelques petits dérapages déjà au lancement. 57:18 Et aujourd'hui, Mediapart, il y a un article qui dit qu'il y a plusieurs journalistes de Russia Today qui viennent de rejoindre la rédaction du JDD. 57:25 Non, il n'y a eu aucune consigne du gouvernement, s'agissant des ministres ou des députés. 57:33 Chacun est libre de faire ses choix. 57:37 Je voudrais quand même rappeler aussi qu'un journal peut changer de ligne éditoriale. 57:42 C'est légal la liberté de la presse et autorise la liberté aussi d'un journal d'opinion. 57:51 C'est possible d'avoir un journal d'opinion en France, il y en a d'autres. 57:54 Donc ça, ça fait partie vraiment du pluralisme et c'est essentiel à notre démocratie. 57:58 Je pense que c'est important de le rappeler. 57:59 Mais ce qui se passe au JDD est absolument spécifique. 58:02 Parce que là, on est dans un cas de figure où il y a l'écrasement d'une histoire de 75 ans, du travail de journalistes pendant des décennies autour de valeurs et d'un ADN d'impartialité. 58:13 Et aujourd'hui, il y a un effacement de cette histoire, assez clairement. 58:17 Il y a eu une grève de 40 jours, la majorité des journalistes sont partis ou sont en train de partir. 58:23 ça n'est plus le JDD de cette histoire-là, mais avec la marque JDD sur laquelle il y a eu une sorte d'opéra. 58:30 Donc dans ce contexte-là, il y a aussi des vraies questions déontologiques qui se posent. 58:34 Par exemple, la nouvelle direction n'a pas voulu ajouter à la charte déontologique un paragraphe tout simple qui est conforme à la loi, qui dit qu'il n'y aura pas de propos haineux, de propos racistes, 58:48 énormément de chartes de déontologie le disent, par exemple si vous prenez la charte de Sud-Ouest, ils écrivent ça très clairement. 58:54 Bon, c'est conforme à la loi, ils n'ont pas voulu l'écrire, donc ça pose quand même question sur la ligne déontologique bien au-delà de la ligne éditoriale. 59:02 Effectivement, dans ces conditions-là, moi à titre personnel en tout cas, je ne répondrai pas à ce jour à des interviews d'Eugène Dédé si elle m'était demandée, 59:11 On verra plus tard si jamais ces règles déontologiques changent. 59:14 Ils ne vous ont pas appelé pour vous interviewer, donc vous ne répondez pas. 59:17 Emmanuel Paquette sur les états généraux de l'information. 59:19 Justement, les états généraux de l'information vont se lancer d'ici peu au mois de septembre. 59:24 Il y a quand même une proposition de loi transpartisane qui propose un droit de vote d'un directeur de la rédaction par les rédactions et que ce droit de vote pourrait être conditionné au fait de donner les aides à la presse. 59:34 C'est-à-dire que si une rédaction ne met pas en place ce système-là, si un directeur de la rédaction 59:37 et une direction ne le met pas en place, elle ne toucherait pas les aides à la presse. 59:40 Est-ce que vous êtes alignée sur cette proposition ? 59:43 Je trouve intéressante en tout cas toutes les propositions qui permettent de renforcer l'indépendance de l'information et la protection des journalistes, l'indépendance éditoriale face à des ingérences potentielles des actionnaires. 59:55 Mais les états généraux de l'information vont être justement un cadre pour discuter plus largement de tous ces sujets. 1:00:01 discuter avec des experts pour regarder tous les leviers juridiques, mais discuter avec les citoyens aussi, plus globalement, parce que ce sont des sujets qui touchent chacun, chacune d'entre nous. 1:00:10 Le droit à l'information, c'est un droit fondamental. 1:00:12 L'information, c'est vraiment un bien commun. 1:00:15 Donc aujourd'hui, il faudra aussi trouver, par rapport à cette proposition de droit, le bon curseur par rapport à la liberté d'entreprendre qui est aussi constitutionnelle. 1:00:23 On en parlait en début d'émission et les ICC c'est aussi l'édition. 1:00:27 L'édition c'est un des secteurs clés des industries créatives et culturelles et en ce moment on assiste à un véritable big bang dans l'édition puisque les deux premiers groupes français que sont d'une part Editis et de l'autre part Lagardère et Vivendi sont affectés par des changements d'actionnaires. 1:00:43 et tout un tas d'autres maisons liées ou non à ce groupe sont également dans une très grande période de mutation. 1:00:49 Comment vous analysez ce véritable Big Bang dans l'édition et qu'est-ce que, finalement, la Ministère de la Culture ou le Centre National du Livre peuvent faire ? 1:00:58 Il y aurait eu un plus grand Big Bang si la fusion Hachette-Edity s'était allée à son terme. 1:01:04 Or, la Commission européenne l'a empêchée et donc il y a bien des règles qui fonctionnent, des règles de concurrence, de contrôle des concentrations qui fonctionnent. 1:01:15 Donc aujourd'hui, ce n'est pas cette revente qui va changer en tant que telle le paysage éditorial en réalité. 1:01:24 Attendons de voir. 1:01:26 Ce qui est important pour moi, via le Centre National du Livre, c'est effectivement de soutenir toute la diversité éditoriale, de soutenir des éditeurs indépendants, de soutenir toute la chaîne du livre, les auteurs, les libraires, les manifestations littoraires. 1:01:38 C'est tout un écosystème qu'on encourage pour que la diversité soit totale en France. 1:01:44 Oui, justement, le milliardaire qui doit racheter Editis, c'est Daniel Kretinsky. 1:01:49 C'est un milliardaire tchèque. 1:01:50 Alors, il n'a pas énormément d'expérience dans l'édition. 1:01:52 Donc ça, déjà, ça peut faire un peu peur quand même. 1:01:55 C'est un euphémisme, on peut dire. 1:01:56 D'avoir un groupe d'édition comme ça entre les mains d'un milliardaire qui débute. 1:02:00 Et puis surtout, il est très actif en France. 1:02:03 Il a racheté Casino. 1:02:04 Enfin, il est en train de racheter Casino. 1:02:06 Il est premier actionnaire de Fnac d'Arty, qui est un des premiers distributeurs de livres. 1:02:10 Est-ce qu'il n'y a pas aussi un problème de concentration entre Daniel Kretinsky, qui aura Editis, et Daniel Kretinsky, premier actionnaire de Fnac d'Arty ? 1:02:18 C'est sûr que la question des points de distribution, des points de vente va se poser d'un côté avec Reléache pour Vivendi et Lafnac. 1:02:27 Donc il faudra être vigilant sur comment les deux ventures vont être présentées. 1:02:31 Est-ce qu'elles vont être utilisées uniquement pour des livres de ces maisons d'édition là ? 1:02:35 Est-ce qu'il y aura des dérives de ce type ou pas ? 1:02:37 Il faudra vraiment observer ça de très près pour voir s'il faut se pencher sur des renforcements, des règles existantes ou pas. 1:02:46 Industrie créative et culturelle encore avec le cinéma, autre secteur très concerné. 1:02:51 Les chiffres de juillet, on n'a pas encore ce doute, sont assez bons pour le cinéma, 18,3 millions d'entrées avec une hausse de 33%. 1:02:58 Et plus encore d'ailleurs si on compare à d'autres années. 1:03:03 Par contre vous avez été attachée culturelle aux Etats-Unis, c'est un pays qu'on connaît bien tous les deux. 1:03:08 Depuis des années, on regardait les chiffres et on était toujours 50-50 qui, entre les Américains et les Français, allait être premier du box-office français. 1:03:16 Aujourd'hui, en gros, c'est 46% pour le box-office américain depuis quelques années. 1:03:21 En France, le box-office français 37% et les autres cinématographies autour de 15-17%. 1:03:27 Ça veut dire qu'on est en train de décrocher par rapport aux Américains dans le box-office français. 1:03:32 Ah non, moi je trouve qu'on se maintient plutôt très bien à 40% de part de marché de films français. 1:03:37 Mais c'était 60-40 il y a une quinzaine d'années. 1:03:39 Par rapport à d'autres pays, regardons ce qui se passe en Allemagne ou en Italie, ils sont à peine à 20% de leur part de marché pour des films nationaux. 1:03:45 Au Royaume-Uni c'est 8%. 1:03:46 Il y a même des pays avec 1%, mais ce n'était pas ça la France, madame ! 1:03:50 On est le pays qui résiste le mieux avec sa cinématographie. 1:03:53 Par ailleurs, on a aussi besoin des films américains, déjà parce qu'on aime le cinéma américain. 1:03:56 Et puis parce que ça finance via la taxe du CNBC. 1:03:58 Ça finance, par la taxe sur la billetterie, la diversité de notre cinéma, bien sûr. 1:04:03 Et franchement, on peut se réjouir d'un retour de la fréquentation ces derniers mois, qui a retrouvé le niveau d'avant Covid. 1:04:10 On est aussi un des rares pays à y arriver, puisqu'il y a toujours une baisse très forte de la fréquentation. 1:04:15 Par exemple, en Italie, qui est pourtant un grand pays de cinéma, ils sont toujours autour de moins 40 ou moins 50 %. 1:04:20 L'Allemagne, ils sont en train de remonter, mais ils étaient à moins 40 %, l'Espagne aussi. 1:04:25 On a quand même un peuple de cinéphiles en France et de très bons films français qui ont un vrai succès comme l'Anatomie d'une chute en ce moment. 1:04:34 Vous avez vu ce film ? 1:04:35 On se souvient de la polémique qui a eu lieu au moment de Cannes avec une critique lorsqu'elle a eu la Palme d'or qui vous était un peu adressée. 1:04:43 Vous avez réagi. 1:04:44 Que pensez-vous d'abord du film ? 1:04:46 Non, le film est magistral. 1:04:48 Je conseille à tout le monde d'y aller. 1:04:49 Donc pas de vengeance ? 1:04:51 Ah non, mais l'oeuvre est une oeuvre magnifique, la réalisatrice est formidable. 1:04:56 Après les propos qu'elle a tenus à Cannes, je continue à les trouver injustes et surtout faux. 1:05:00 Qu'est-ce que vous avez aimé dans ce film ? 1:05:02 Non, c'est un film qui est psychologiquement haletant et qui est porté par une actrice, Sandra Huller, qui est fantastique. 1:05:10 On essaie de comprendre si elle est coupable ou pas. 1:05:13 Oui, on restera tout le long avec ce mystère et on pourra le revoir trois fois sans savoir à la fin quoi penser. 1:05:19 Et donc, c'est cette multiplicité d'interprétations, cette complexité qui est fascinante dans ce film. 1:05:26 Et dans la question qu'elle vous posait, ou la critique certes peut-être, vous l'avez dit, exagérée, qu'est-ce qu'on peut répondre finalement à ce milieu du cinéma qui est un peu chagrin parfois ? 1:05:37 Qu'est-ce que vous pouvez, en termes de politique culturelle ? 1:05:40 Je réponds toujours avec aussi les chiffres, tout ce qu'on a fait depuis des années, les soutiens qui ont été 1:05:45 Déployés pendant la crise, 430 millions d'euros. 1:05:48 Les soutiens récents qu'on vient de déployer avec le plan Grande Fabrique de l'image pour soutenir la formation, les studios, la production avec 350 millions d'euros. 1:05:57 L'année blanche pour les intermittents qui a beaucoup bénéficié aussi au monde du cinéma. 1:06:01 Le fait d'avoir imposé aux plateformes de contribuer au financement du cinéma et de l'audiovisuel en France à hauteur de 20% de leur chiffre d'affaires, ça c'est une directive européenne que la France a portée, que la France a défendue. 1:06:12 Ce sont des enjeux de souveraineté, des enjeux de diversité. 1:06:15 Cette exception culturelle, on ne l'a jamais autant défendue et on continuera à la défendre. 1:06:19 Emmanuel Paquet. 1:06:20 Il y a eu un rapport du Sénat, je crois, qui mentionnait quand même qu'il y avait trop de productions françaises, avec trop peu de publics qui allaient voir certaines de ces productions, et qui recommandait de justement faire moins de productions en France, et de moins soutenir, en faire une forme de diversité. 1:06:37 Est-ce que vous êtes aligné sur ce rapport du Sénat ? 1:06:39 Je suppose que non, mais je pose quand même la question. 1:06:41 Non mais justement, voilà un rapport qui contredit aussi les propos de Justine Trier puisqu'elle nous fait croire qu'on est en train de détruire l'exception culturelle et qu'il y a une marchandisation, qu'on ne finance finalement que les films qui marchent. 1:06:52 Or c'est faux. 1:06:53 Si on regarde les aides du CNC, déjà un tiers de ces aides vont à des premiers films, c'est-à-dire qu'on ne sait pas qui sont ces réalisateurs. 1:06:59 Si un film ne marche pas, ça ne veut pas dire qu'il n'aura pas l'avance sur recettes ou d'autres aides. 1:07:03 On a même inventé de nouvelles aides comme les parcours d'auteurs. 1:07:06 Au contraire, on mise sur l'émergence de talents nouveaux. 1:07:10 Et parmi ces talents, certains vont avoir des films qui vont trouver leur public tout de suite, d'autres pas. 1:07:15 D'autres vont avoir besoin de 3 ou 4 films avant de trouver leur public. 1:07:18 Et c'est ce pari que le CNC, notre politique d'exception culturelle, porte et j'en suis fière. 1:07:24 Autre secteur des industries culturelles et créatives, la musique, secteur important également. 1:07:29 En début d'émission, on a évoqué la question des festivals, on y reviendra avec Claire Beaumelard dans un instant. 1:07:34 Mais parlons du Centre National de la Musique, une sorte de CNC pour la musique qui a été créée assez récemment, qui peine à se financer. 1:07:42 Il a été proposé une taxe, notamment sur le streaming. 1:07:45 Et alors, en préparant cette émission, j'ai reçu énormément de messages 1:07:49 notamment des organisations qui défendent le streaming, je vous passe les noms, et qui disent au fond les services de musique en ligne indépendants français seraient les premiers pénalisés, d'ailleurs les seuls si vous mettiez en place une taxe pour financer le CNM. 1:08:03 Et surtout on fait déjà de la diversité et ces plateformes qui n'ont pas de modèle économique tout à fait viable pour l'instant, ont besoin de temps pour arriver à 1:08:12 à survivre. 1:08:13 Quelle est votre stratégie ? 1:08:15 On vient de parler justement du cinéma et du fait qu'on a imposé aux plateformes de streaming de contribuer au financement de la création. 1:08:21 Je pense qu'aujourd'hui la musique est de plus en plus écoutée en ligne sur des plateformes de streaming mais aussi sur Youtube, sur TikTok qui sont des modèles qui utilisent énormément la musique. 1:08:31 Je ne parle pas que du streaming payant comme Spotify ou Deezer. 1:08:35 Je parle aussi du streaming gratuit. 1:08:37 et c'est vrai qu'il y a eu une mission assez approfondie menée par le sénateur Julien Bargeton qui a fait une centaine d'entretiens et qui a proposé une contribution des plateformes de streaming payantes comme gratuites à hauteur de 1,75% c'est assez peu de leur chiffre d'affaires réalisé en France pour contribuer au financement du Centre National de la Musique et contribuer à la diversité musicale de notre pays mais aussi à l'export de nos talents 1:09:02 complétée par d'autres dispositions. 1:09:04 Il n'est pas question que seuls les plateformes de streaming contribuent. 1:09:08 Sur le centre national de la musique, est-ce que finalement on n'a pas inventé une espèce d'usine à gaz ? 1:09:11 Maintenant il faut la financer et ça crée plus de problèmes que de solutions. 1:09:15 Non, ce centre était attendu, cette maison commune de la musique, ça faisait dix ans qu'elle était attendue. 1:09:20 Heureusement, nous avons pu la créer sous le précédent quinquennat, juste avant la pandémie de Covid en janvier 2020. 1:09:25 Et heureusement que le CNM était là d'ailleurs pour déployer toutes les aides pendant la crise sanitaire et les aides de relance. 1:09:31 Je pense vraiment que cette maison commune de la musique, c'est un levier très fort pour l'avenir, pour porter la diversité, l'indépendance aussi des acteurs de la musique et porter le rayonnement à l'international de notre création. 1:09:44 Emmanuel Paquette ? 1:09:45 Oui, alors la question peut-être un petit peu technique, mais vous parlez d'une taxe qui serait relativement faible, or la plupart de ces plateformes sont déjà soumises à une taxe de 3% de leur chiffre d'affaires, la taxe dite numérique. 1:09:55 Donc est-ce que vous allez mettre 3% plus 1,5%, donc on arrive déjà à 4,5%, plus la TVA, puisque maintenant ils payent leur TVA, ce qui n'était pas forcément le cas par le passé. 1:10:03 Donc en fait, ça fait quand même un poids de l'imposition qui commence à devenir fort sur des plateformes, pour certaines d'entre elles, qui ne sont toujours pas rentables aujourd'hui. 1:10:11 On est en pleine concertation. 1:10:13 Jusqu'à fin septembre, c'est le délai que m'a donné le Président de la République pour réunir tous les maillons de cette filière et finaliser ce tour de table. 1:10:22 Tous ces curseurs précis sont en train d'être discutés. 1:10:25 Mais si je reprends l'exemple du cinéma, Netflix par exemple est axé à 5,15% 1:10:31 à 20% de TVA, plus contribuer à 20% de son chiffre d'affaires à la production cinématographique audiovisuelle. 1:10:40 Donc voilà, là on parle pas du tout des mêmes chiffres, mais on parle de plateformes qui font des millions d'écoutes tous les mois. 1:10:47 Mais si on revient à l'histoire de Spotify, de Deezer, etc. 1:10:52 Nous étions tous extrêmement inquiets il y a quelques années parce que les CD disparaissaient et il n'y avait pas de modèle alternatif. 1:11:01 Il y avait tous ce débat sur Adobe où on taxait, même parfois on punissait des jeunes alors que l'offre légale n'existait pas. 1:11:07 Cette offre légale aujourd'hui existe. 1:11:10 elle est vertueuse, elle va permettre sans doute à terme à mesure que les structures et les gens s'abonneront de manière plus régulière à des offres payantes, elle va permettre un modèle économique sans doute même plus vertueux et peut-être plus riche sur le plan financier que ne le faisait même le CD. 1:11:26 Est-ce qu'il ne faut pas continuer à les protéger, à les aider, à les rendre françaises et européennes plutôt que de taxer ces structures françaises alors que Apple Music et Amazon feront peut-être un peu ce qu'elle veut 1:11:38 Non, mais il n'est pas question de les brimer. 1:11:40 Effectivement, on a aussi la chance d'avoir des acteurs français très forts en la matière. 1:11:44 Mais il est question de penser à tous les mécanismes qui vont permettre à l'avenir de préserver l'indépendance des acteurs, de préserver la diversité et de faciliter l'émergence. 1:11:53 On sait aussi que sur ces plateformes de streaming, ce sont certains genres musicaux, certains artistes qui tirent la répingue du jeu plus que d'autres. 1:12:00 Il faut qu'on pense à long terme un équilibre pour cette filière, évidemment. 1:12:18 19h30... 19h23, pardon, je voulais gagner 10 minutes. 1:12:24 19h23, c'est pas parce que vous nous ennuyez, mais il y avait 10 minutes qui manquaient. 1:12:28 On a parlé avec vous, Rima Abdul-Malak, ministre de la Culture, au fait de votre entrée ce soir politique sur France Culture. 1:12:35 On a parlé de différentes industries culturelles et créatives. 1:12:38 Il y a aussi la question des festivals. 1:12:40 On est à la fois là, parfois dans le non-profit, parfois dans le para-public, d'autres fois dans le secteur privé. 1:12:45 Une question de Claire Beaumelard. 1:12:48 Certains grands festivals comme les Interceltiques, Avignon ont déjà annoncé des records de fréquentation cet été 2023. 1:12:57 Je pense que vous n'avez peut-être pas les chiffres complètement consolidés mais vous pouvez nous confirmer que ça a été un bon été pour les festivals. 1:13:03 Vous vous en avez couru un certain nombre d'ailleurs. 1:13:08 de faire un tour de France des festivals. 1:13:10 J'ai été sur 20 festivals précisément depuis le mois de juin. 1:13:14 Et partout où je suis allée, j'ai vu effectivement des fréquentations record, un public heureux d'être là, toutes les générations qui se retrouvaient, un besoin de se retrouver, de se rassembler pour vibrer autour des émotions du spectacle, de la musique, de la photo... C'est la première fois que vous allez à Vignon ? 1:13:34 Ah non, Avignon, j'y vais depuis 15 ans au moins. 1:13:37 C'est un festival auquel je suis très très très attachée, où je vais tous les ans. 1:13:42 Mais aussi les petits, vous êtes allée aussi dans les... Mais je suis aussi allée dans des petits villages, par exemple la Chaise du Haut, il y a un magnifique festival de musique classique, c'est un village de 600 habitants en Haute-Loire. 1:13:50 Je suis aussi allée au festival du bout du monde, à la presqu'île de Crozon, ils n'avaient jamais vu de ministre de la culture. 1:13:55 Je suis aussi allée à Royan, un autre festival de musique classique. 1:13:57 Ça leur a fait quoi de voir ce ministre de la culture ? 1:13:59 Au début ils ont eu un peu peur, ils m'ont dit mais pourquoi vous venez, on n'a jamais vu de ministre. 1:14:02 Il vous a reconnu ? 1:14:03 En fait, ça s'est très bien passé. 1:14:04 Bon, c'était quand même un petit peu organisé avant. 1:14:06 Mais surtout, j'ai pu voir une telle vitalité des bénévoles aussi engagés, parfois pour certains depuis 30 ans, qui ont grandi avec ces festivals. 1:14:17 Un ADN à chaque fois très particulier, des histoires locales, des aventures humaines, des ancrages dans les territoires. 1:14:23 Et c'est ça qui fait la force des festivals en France aujourd'hui. 1:14:26 Alors 23, c'est passé, ça a l'air bon. 1:14:28 Qu'est-ce qui va se passer en 2024 ? 1:14:32 Alors en 2024, on a une année un peu exceptionnelle parce qu'une fois par siècle, nous accueillons les Jeux Olympiques et Paralympiques. 1:14:38 Donc ça va être un été doublement exceptionnel avec de la culture dans toute sa splendeur habituelle et le sport dans toute sa splendeur aussi. 1:14:52 Les festivals seront maintenus. 1:14:54 Certains ont dû ajuster leur date parce qu'ils tombaient pile au moment des cérémonies d'ouverture ou des grandes épreuves des Jeux Olympiques. 1:15:01 Par exemple, l'Interceltique de l'Orient, que vous citiez, Claire, se décale d'à peu près une semaine. 1:15:06 Les Vieilles Charrues s'avancent de quelques jours. 1:15:08 Le Festival d'Avignon se cale in et off. 1:15:11 Pour la première fois, on aura les mêmes dates et vont avancer. 1:15:15 Ça faisait longtemps que ça n'était pas arrivé. 1:15:18 Et donc à part un festival sur lequel nous cherchons encore une solution, qui est le Lollapalooza Festival en Ile-de-France, mais j'ai bonne espoir qu'on trouve une solution d'ici 15 jours, 3 semaines, tous les autres festivals auront bien lieu. 1:15:32 Et c'est pas trop tard d'ici trois semaines, une solution ? 1:15:35 Non, non, non. 1:15:37 Je suis en ligne avec eux, j'étais encore en ligne avec Angelo Gopé tout à l'heure. 1:15:43 C'est un sujet qu'on suit de très près avec plusieurs pistes qui sont à l'étude. 1:15:47 Mais en tout cas tous les autres grands festivals, c'est-à-dire les festivals d'une telle ampleur qu'ils nécessitaient des forces de sécurité particulières 1:15:52 Montpellier, Aix-Orange, le Hellfest, Solidays... Même pas vraiment ceux-là, certains plutôt grands festivals de musique comme Rock en Seine, Hellfest, Solidays, les Vieilles Charrues, les Francophonies, etc. 1:16:05 We Love Green, ceux-là ont tous leur date confirmée et auront tous bien lieu l'année prochaine. 1:16:09 Alors j'ai trouvé quelques mécontents hier, un peu par hasard, je marchais au bord de la Seine et j'ai parlé à quelques bouquinistes et je me suis dit pourquoi pas ! 1:16:18 Et alors ils sont très remontés contre vous, si on peut dire très remontés en fait d'être démontés. 1:16:24 Alors les bouquinistes là ça relève plutôt de la ville de Paris en réalité mais je trouve que la mairie de Paris a plutôt bien répondu. 1:16:31 Il s'agit de quoi ? 1:16:32 Il s'agit du moment de la cérémonie d'ouverture qui de manière très très très exceptionnelle va avoir lieu sur la Seine. 1:16:37 Ça va être un magnifique symbole, c'est Thomas Joly qui en est le directeur artistique, à mon avis ça va être magnifique. 1:16:43 Mais ça va impliquer peut-être des mouvements de foule, des dispositifs de sécurité, une certaine logistique. 1:16:48 Donc pour la cérémonie d'ouverture, les quelques jours avant, les quelques jours après, parce qu'il y a du montage, démontage, les bouquinistes sont invités par la ville de Paris à s'installer ailleurs. 1:16:58 Ils organisent visiblement un site pour pouvoir continuer à vendre leurs produits, les bouquinistes, c'est l'âme de Paris bien sûr, on est très très attachés à leur présence et les touristes ne pourraient pas comprendre d'ailleurs qu'il n'y ait pas les bouquinistes, pas que les français. 1:17:16 Donc moi je trouve qu'il y a des solutions qui sont proposées et que ça mérite d'être regardé, il y a encore des discussions entre la mairie de Paris... 1:17:23 Là, c'est vraiment un sujet qui concerne la préfecture et la mairie de Paris, mais je le suis de près. 1:17:29 Je verrai quelles solutions sont proposées. 1:17:31 Il parlait souvent à Jack Lang, si on en croit une formidable vidéo qui avait circulé il y a quelques mois. 1:17:36 Oui, j'étais jeune avec lui il y a quelques jours. 1:17:38 Il vous envoie des SMS et des lettres tous les jours, par dizaines. 1:17:41 Ça ne change pas. 1:17:42 Vous n'êtes pas la seule. 1:17:44 Sur la question des bouquinis, il aurait dit, ville ou pas ville, je m'en occupe. 1:17:48 C'est ça, Jack Lang. 1:17:50 Non mais je m'en occupe au sens où je suis mais je ne vais pas me substituer à des décisions qui relèvent de la mairie de Paris et que je trouve plutôt constructive. 1:17:58 Mais s'ils ne s'en occupaient pas bien, par exemple, admettons, vous reprenez le dossier ? 1:18:03 J'appellerai toutes les personnes nécessaires à la ville de Paris si besoin. 1:18:07 Mais je trouve que là ils ont fait plusieurs propositions, des propositions aussi d'indemnisation potentiellement s'il y a vraiment des pertes de chiffre d'affaires très importantes. 1:18:17 Ces propositions, je vais les suivre pour voir si elles sont réellement satisfaisantes. 1:18:22 Mais il me semble qu'elles vont dans le bon sens. 1:18:23 Donc, on a bien compris, ça va se faire ce déménagement des bouquinistes. 1:18:28 Alors, il faut qu'ils en soient d'accord aussi. 1:18:31 Moi je leur ai parlé hier, ils ont dit pas question. 1:18:33 Vous savez ce qu'ils m'ont répondu ? 1:18:34 Ils m'ont dit les Jeux Olympiques peuvent aller ailleurs. 1:18:38 Mais je crois que vraiment cette cérémonie sur la Seine, c'est une belle idée. 1:18:43 C'est sûr qu'il y aura des désagréments et pas que pour les bouquinistes dans l'organisation. 1:18:48 Mais je crois qu'on sera très heureux le 26 juillet 2024 quand on verra cette cérémonie avec cette symbolique d'ouverture de lien avec le fleuve. 1:18:57 Je veux voir les choses avec optimisme. 1:18:59 Et puis, on dit aussi que de toute façon, même s'ils restaient au bord de la Seine, on devrait fouiller toutes leurs boîtes et aussi les fermer, les cadenasser de manière forcée pendant la durée. 1:19:09 Donc finalement, ce n'est pas une meilleure solution sans doute pour eux. 1:19:11 Non, mais je suis sûre que dans le dialogue, dans les prochaines semaines, des solutions seront trouvées qui devraient leur convenir. 1:19:16 Je le souhaite. 1:19:17 19h30, Rima Abdul-Malak, la ministre de la Culture est notre invitée. 1:19:20 Ce soir, une question sur le budget avec Claire Beaumelard et les finances. 1:19:24 Oui, on a entendu Emmanuel Macron annoncer sa volonté d'assainir les finances publiques. 1:19:29 Alors, dans ce contexte-là, comment s'annonce votre prochain budget ? 1:19:34 Et est-ce que dans ce budget, vous avez des mesures susceptibles d'aider à assainir les finances publiques, c'est-à-dire des mesures de réforme et des mesures d'économie ? 1:19:44 Alors, tous les ministres ont été invités à travailler sur des marges de redéploiement, notamment pour financer la transition écologique. 1:19:51 Il y a un enjeu qui me tient très à cœur, y compris pour la culture, parce qu'on doit mener des travaux d'investissement pour améliorer la performance énergétique de certains bâtiments, on doit décarboner aussi la culture. 1:20:01 Donc nous ferons des efforts. 1:20:03 Là, je suis encore dans une phase 1:20:05 de négociations. 1:20:06 La trajectoire de financement de mon ministère n'est pas encore actée. 1:20:11 Le budget sera présenté fin septembre. 1:20:13 Mais je voudrais quand même rappeler qu'on a obtenu 7% d'augmentation entre 2022 et 2023 pour mon premier budget. 1:20:20 7% d'augmentation qui ont permis de financer davantage l'éducation artistique, le patrimoine, un plan que j'ai lancé pour les métiers d'art et aussi des efforts particuliers sur la lecture et tant d'autres choses. 1:20:31 Donc vous voyez, on reste absolument mobilisés sur les grandes priorités. 1:20:34 Emmanuel Paquette ? 1:20:36 Est-ce que vous pourriez faire des économies, par exemple, sur le pass culture ? 1:20:38 Puisque la Cour des comptes a estimé que c'était des dépenses qui étaient beaucoup trop importantes au regard des résultats qu'il pouvait y avoir en face. 1:20:46 Ah non, la Cour des comptes n'a pas exactement dit les choses comme ça et le pass culture, j'envisage aucune économie sur le pass culture parce que ce sont, au contraire, on est en train d'élargir le pass culture dans sa version collective, scolaire, au 6ème et au 5ème, ça va démarrer dès la semaine prochaine avec la rentrée, en plus des 4ème, 3ème, 2nde, 1ère terminale et en plus du pass culture à 18 ans. 1:21:06 C'est ce que j'ai toujours appelé la conduite accompagnée avant le permis et à 18 ans ils ont 300 euros 1:21:11 pour vivre en autonomie leurs expériences culturelles. 1:21:14 Et qu'est-ce qu'on voit ? 1:21:15 Avec le pass culture, ils achètent des livres, c'est ce qui vient en premier. 1:21:18 Et essentiellement des mangas ? 1:21:19 Pas essentiellement des mangas. 1:21:21 300 000 références de livres différentes et la moitié du temps quand ils viennent pour acheter un manga dans une librairie, ils ressortent avec un autre livre qui n'est pas un manga, un roman, un poème. 1:21:31 un livre de mode, un livre de cuisine, énormément de choses. 1:21:34 Deuxièmement, ils vont vers la musique, les festivals, les concerts, mais aussi les achats d'instruments de musique. 1:21:39 Plus de jeunes pratiqueront la musique, plus ils iront plus tard écouter de la musique, c'est formidable. 1:21:44 Et troisièmement, le cinéma. 1:21:45 Il y a eu sur l'année 2022, 4 millions et demi de séances de cinéma via le pass culture. 1:21:51 C'est aussi une aide directe aux salles, à tous les exploitants. 1:21:54 Donc honnêtement, pour moi, le pass culture, c'est à la fois un outil pour 1:21:58 aider toutes les industries créatives et tous les lieux culturels, mais c'est aussi un formidable levier d'émancipation pour la jeunesse. 1:22:07 On les associe comme protagonistes, ils ne sont pas que consommateurs. 1:22:10 On a créé des ambassadeurs passe-culture, des reporters passe-culture, ils sont actifs dans le projet, ils sont 1:22:18 Il conseille aussi l'équipe du Pass Culture. 1:22:20 Donc vraiment, on a encore des marges d'amélioration, toujours. 1:22:23 Malgré le coût, c'est un grand projet de démocratisation culturelle ? 1:22:26 Pour moi, c'est une grande priorité en termes de démocratisation et de participation des jeunes à la culture. 1:22:31 J'y tiens beaucoup. 1:22:32 Claire Beaumela. 1:22:33 Si pas le Pass Culture, quoi ? 1:22:36 Qu'est-ce qu'il peut être... Non mais la question est sérieuse, c'est-à-dire... Certains investissements par exemple, certains chantiers, certaines programmations d'investissement, on peut... Voilà, mais moi sur le fonctionnement du ministère de la Culture, c'est quand même un budget de 4,2 milliards. 1:22:53 Je ne pense pas que c'est sur ce budget-là qu'on... 1:22:56 qu'on réglera à nous tous seuls en tout cas. 1:22:57 C'est une question de tendance, c'est pas une question de... Des critiques, et notamment un ancien drap qui a fait des calculs, vous les connaissez sans doute, où il montre ce qu'on pourrait faire avec l'argent du pass culture, alors c'est des dizaines de scènes nationales qui seraient créées, des musées, des bibliothèques, etc. 1:23:12 Je suis pas sûre qu'on ait besoin de créer des dizaines de scènes nationales, on en a 78 aujourd'hui en France et on les soutient. 1:23:18 On a même augmenté leurs aides au moment de l'inflation en janvier. 1:23:22 Le pass culture c'est vraiment pour moi une révolution. 1:23:24 Parlez avec les jeunes qui l'utilisent. 1:23:26 Ils sont 3 millions d'eux aujourd'hui à être inscrits sur le pass culture. 1:23:31 60% d'entre eux disent qu'il y a des activités culturelles qu'ils n'auraient pas découvertes s'ils n'avaient pas le pass culture. 1:23:36 Ils ouvrent leurs horizons. 1:23:38 Ils entrent pour la première fois dans une librairie pour beaucoup d'entre eux. 1:23:41 Ils vont pour la première fois au théâtre. 1:23:43 Cet été avec le Festival d'Avignon, on s'est associé au programme première fois de Tiago Rodriguez, le nouveau directeur, et j'ai vu moi-même des jeunes venir pour la première fois au théâtre, pas seulement au Festival d'Avignon, au théâtre, et repartir avec les yeux émergents. 1:23:56 Ça marche, ça coûte cher, vous donneriez 300 millions à tous les paysans pour aller voir de la culture, je suis sûr qu'ils diraient qu'ils sont contents aussi. 1:24:03 Donc c'est un choix de politique et sans doute... C'est un choix de priorité pour la jeunesse. 1:24:08 Parce que ce sont les publics de demain, mais déjà les publics d'aujourd'hui. 1:24:12 Et qu'ils ont aussi beaucoup à nous apporter pour revivifier les lieux culturels. 1:24:15 On a besoin de leur regard, de leur implication. 1:24:18 Ils ne sont pas que des consommateurs. 1:24:21 Venons-en aux grands travaux, même si l'expression n'est plus aussi importante qu'à l'époque de Jack Lang et François Mitterrand, et quelques nominations. 1:24:28 Commençons par le château de Villers-Cotterêts. 1:24:33 Le président de la République a annoncé ce lundi que le sommet de la francophonie à la Cité internationale de la langue française au château de Villers-Cotterêts aurait lieu le 19 octobre prochain. 1:24:46 C'est une folie, comme certains le disent, un projet cohérent, il y a un problème de direction, notamment avec les élus. 1:24:53 Alors le sommet de la Francophonie, ce sera à l'automne 2024, mais l'ouverture du château de Villers-Cotterêts au public, c'est le 19 octobre, la 2023, très bientôt, sous la direction de Paul Rondin, que nous avons nommé ancien directeur adjoint du Festival d'Avignon, à la tête de ce projet. 1:25:09 Et je ne sais pas à quoi vous faites référence quand vous dites une folie, est-ce que c'est sur le plan budgétaire, parce qu'effectivement nous avons investi environ 200 millions d'euros 1:25:17 dans la restauration de ce château mais il était abandonné depuis des dizaines d'années dans un état très très très très mauvais donc il fallait réellement sauver ce château qui est un des rares châteaux Renaissance de Picardie. 1:25:27 Il n'y a pas que Stéphane Bern qui est content. 1:25:29 Tous les amoureux du patrimoine et tous les amoureux de cette région et c'est une terre littéraire aussi. 1:25:34 C'est la ville de naissance d'Alexandre Dumas. 1:25:36 Il y a énormément d'écrivains dans la région qui ont marqué cette terre du Valois. 1:25:42 Et si vous comparez par exemple le musée du Quai Branly, construit par Jacques Chirac, c'était presque 300 millions d'euros. 1:25:48 La culture coûte de l'argent, mais c'est pour un investissement pour l'avenir, c'est pour sauver le patrimoine pour l'avenir, mais c'est aussi un lieu qui va être vivant. 1:25:56 C'est la première fois qu'il y a un lieu qui sera dédié à la langue française. 1:26:00 La langue française par le théâtre, par le cinéma, par l'écriture. 1:26:03 Il y aura des auteurs, des artistes en résidence dans 12 ateliers. 1:26:06 Il y aura un auditorium, il y aura des ateliers pour les associations, des activités pédagogiques. 1:26:11 C'est un magnifique projet, j'ai hâte de voir le lieu ouvrir. 1:26:14 Nous aussi. 1:26:15 Claire Baumeler. 1:26:17 Dans Folie, effectivement, il y avait l'idée que c'était un immense investissement, mais il y a aussi des questions sur comment il va vivre. 1:26:24 Non pas ce qu'il va produire, vous venez de répondre, mais comment il va trouver les moyens de son fonctionnement, si vous voulez. 1:26:31 Comment on va faire rentrer de l'argent, comment on va, je ne sais pas, séduire les mécènes, faire des soirées pour faire entrer des recettes propres. 1:26:42 C'est tout le projet qui va démarrer le 19 octobre. 1:26:44 Je fais pleinement confiance à Paul Rondin pour le mener. 1:26:47 Aujourd'hui, le château de Villers-Cotterêts est dans le giron du Centre des Monuments Nationaux. 1:26:51 Et comme vous le savez, le Centre des Monuments Nationaux permet une péréquation entre tous les monuments. 1:26:56 Pour les premières années, c'est aussi une base très solide pour avoir des fonctions support grâce au Centre des Monuments Nationaux. 1:27:03 Si le succès du Panthéon ou de l'Arc de Triomphe peut aussi aider à faire démarrer un projet comme Villers-Cotterêts, c'est tant mieux. 1:27:11 Autre projet, la maison des mondes africains, alors c'est plus lié aux ministères de l'affaires étrangères, mais malgré tout ça vous concerne aussi à partir du projet Achille Mbembe. 1:27:19 Elle sera finalisée dans les six mois, a annoncé Emmanuel Macron lundi. 1:27:23 Le projet, c'est-à-dire que Achille Mbembe, effectivement, avait remis un rapport au président de la République dans lequel il préconisait la création de ce lieu, un peu comme il existe l'Institut du monde arabe. 1:27:33 Ou la Maison de l'Amérique Latine. 1:27:34 Ou la Maison de l'Amérique Latine. 1:27:36 Il manque un lieu dédié aux cultures africaines, à la création africaine, mais qu'il ne soit pas qu'un lieu culturel aussi, qu'il soit un espace de ressources pour les entreprises, pour les universitaires, pour les chercheurs. 1:27:47 Et ce serait une belle continuité de cette saison Africa 2020 que nous avons portée, alors qu'il n'a pas pu avoir lieu en 2020 à cause du Covid, qui avait été décalé, mais qui a été un moment très important, qui a fédéré énormément de partenaires. 1:27:58 C'est aussi une continuité du nouveau sommet Afrique-France qui a eu lieu à Montpellier. 1:28:02 Et d'ailleurs on aura une belle préfiguration les 6, 7, 8 octobre prochains à la Gaîté Lyrique, au Centre Pompidou et au CNAM avec le forum Création Africa qui va aussi rassembler 200 artistes et professionnels de différents pays d'Afrique pour des spectacles, des concerts, des débats, des conférences, des projections de films. 1:28:21 Ça va être formidable. 1:28:23 Il y avait eu une consultation qui avait été lancée en juin 2022 pour que chacun puisse donner son avis sur cette maison, sur ce qu'il en attendait, etc. 1:28:33 1500 jeunes ont été consultés. 1:28:34 Est-ce que les conclusions ont été rendues publiques ? 1:28:37 Alors il y a eu une consultation effectivement pour 1500 jeunes. 1:28:43 Je dois vérifier si ça avait été mis en ligne, j'avoue que là je ne sais pas. 1:28:46 Je ne l'ai pas trouvé, je me suis demandé si elle était intéressante. 1:28:49 Je vous l'enverrai. 1:28:50 Mais en tout cas, ça a montré un vrai engouement pour ce projet, beaucoup d'attentes et je trouvais que c'était important d'écouter ces jeunes de moins de 30 ans parce que ça sera aussi destiné à ces générations-là. 1:29:00 Un mot sur certains nominations qui font débat. 1:29:03 Je pense d'abord à Versailles, où Catherine Pégard est toujours présente sans avoir été vraiment renommée. 1:29:09 Alors vous avez déjà répondu que c'était utile jusqu'aux JO parce qu'elle avait été très compétente. 1:29:14 On peut en discuter. 1:29:16 Sans personnaliser, j'ai essayé cet été, il se trouve avec des étrangers de passage, de réserver un billet au château de Versailles. 1:29:22 Donc on dit que c'est très bien. 1:29:23 Je ne sais pas si vous avez essayé de réserver un billet au château de Versailles. 1:29:27 Si vous êtes portugais, par exemple, votre code postal, vous ne pourrez jamais le mettre, puisqu'ils ne pensent pas au code postal des étrangers. 1:29:33 C'est uniquement en trois langues, alors que même la RATP fait des messages en six langues. 1:29:38 C'est quand même le château de Versailles. 1:29:39 Par ailleurs, la gratuité des moins de 26 ans, on peut l'avoir, mais c'est extrêmement compliqué. 1:29:43 En fait, personne n'y arrive, parce que trouver la bonne case pour acheter un billet pour moins de 26 ans, ça ne marche pas. 1:29:49 On pourrait citer beaucoup d'autres choses. 1:29:51 Il a fallu 1h30 à peu près pour acheter deux billets tellement que l'application est mauvaise. 1:29:56 Ça veut dire que la présidente de Versailles ne s'en occupe pas. 1:29:59 D'autre part, cette nomination qui n'a pas été renouvelée, elle est contraire au respect des règles, comme vous le savez, puisqu'il y a quand même des limites d'âge. 1:30:06 Je rappelle que Catherine Pegard, qui est la patronne de Versailles, 1:30:10 a demandé le départ de Jean-Jacques Ayagon, à l'époque patron de Versailles, ancien ministre de la Culture, comme elle, pour des questions d'âge à l'époque. 1:30:17 Et là, elle est maintenue bien au-delà de son âge, sans vrai contrat, même si j'imagine que le contrat est un peu pérenne par lui-même. 1:30:25 Vraiment, on ne comprend pas pourquoi ce choix de maintenir indépendamment, d'ailleurs, des personnes. 1:30:31 Comment se fait-il qu'il n'y ait pas, tout simplement, que vous ne suiviez pas vos propres règles ? 1:30:37 Alors je vous trouve un peu dur à partir d'une expérience de prise de billets sur le site internet. 1:30:41 Moi je trouve que le bilan de Catherine Pégard est plutôt très bon sur le plan de la fréquentation, sur le plan du numérique, sur le plan de l'ouverture internationale de tous les partenariats, sur le plan du lien avec les mécènes et du développement du mécénat. 1:30:55 Il y a une grande équipe, il y a énormément de salariés. 1:30:57 Elle a aussi développé un campus des métiers d'art qui me tient très à cœur et je pourrais citer plein d'autres exemples et je trouve que 1:31:04 La période du Covid, de la relance et de la préparation des Jeux Olympiques était une période particulièrement complexe pour le château et qu'un peu plus de stabilité dans sa gouvernance et dans sa direction était souhaitable. 1:31:17 Catherine Péga, à mon sens, fait un travail exceptionnel et la situation était exceptionnelle avec tous ces enjeux post-Covid et pré-gio. 1:31:25 qui justifiait cette prolongation. 1:31:27 D'ailleurs, la loi sur la limite d'âge dans les établissements publics prévoit des intérims, prévoit qu'il est possible de faire un intérim au-delà de sa limite d'âge. 1:31:35 C'est juridiquement possible. 1:31:39 L'intérim est possible juridiquement. 1:31:48 19h42, Rima Abdul-Malak, l'Amélie de la Culture est notre invitée ce soir. 1:31:52 Parlons un peu de vos relations avec la ville de Paris à travers deux très beaux lieux. 1:31:55 Je pense au Théâtre de la Ville et au Théâtre du Châtelet. 1:31:58 Le Théâtre de la Ville va réouvrir, ce sera tout bientôt, le 9 septembre, sous un nouveau nom, Théâtre Sarah Bernard. 1:32:04 Quant au Théâtre du Châtelet, Olivier Pye y a été nommé, c'est notamment Anne Hidalgo qui nomme. 1:32:09 Comment vous voyez cette évolution de cet ensemble avec d'ailleurs une fête qui va avoir lieu la semaine prochaine autour de la Place du Châtelet ? 1:32:15 Moi je suis ravie, j'ai été 6 ans à la mairie de Paris, j'ai été la conseillère de Bertrand Delanoë, je suis très attachée à ces deux théâtres qui sont sur la place centrale de Paris. 1:32:25 On s'inquiétait ces dernières années d'une lenteur des travaux et de difficultés au Châtelet. 1:32:33 Là les choses avancent, moi je me réjouis que ce soit Olivier Pia à la tête du Châtelet, je me réjouis que le théâtre de la ville enfin puisse rouvrir. 1:32:41 Parlons politique culturelle, et peut-être rentrons un peu dans des sujets politiques culturels, notamment au ministère de la Culture. 1:32:48 D'abord une remarque par rapport à d'autres. 1:32:51 Il y a un président de région, pour ne pas le nommer, il dirige la région Rhône-Alpes, il s'appelle Laurent Wauquiez, qui a une attitude très précise sur les lieux culturels, notamment en termes de subventions qui ont été fortement baissées, des lieux qui sont menacés de mort parfois. 1:33:06 Comment vous réagissez en tant que ministre de la Culture sur ce que peuvent faire par exemple celui-là ou d'autres présidents de région ? 1:33:13 Ça me préoccupe énormément puisque la politique culturelle en France, si elle a la force qu'elle a, c'est parce que c'est une alliance entre l'État et les collectivités. 1:33:22 Et ça ne peut fonctionner que dans cette alliance. 1:33:23 Il y a énormément de lieux, de festivals, de structures que nous soutenons ensemble dans une logique partenariale, de dialogue. 1:33:30 C'est-à-dire quand il y a un partenaire qui souhaite changer de ligne, 1:33:35 Le minimum serait de s'en informer, d'en parler, d'en discuter, de voir s'il y a des solutions alternatives. 1:33:40 Là, ni dans la méthode, puisque ça a été assez brutal, ni sur le fond, parce qu'on n'a pas compris les justifications, la position de la région n'est compréhensible. 1:33:49 C'est quoi ce langage ? 1:33:51 Quelle est l'explication ? 1:33:52 C'est une forme de populisme ? 1:33:54 Préparer des échanges politiques plus futurs pour pouvoir dire voilà ce que j'ai fait ? 1:33:58 La ligne qui est présentée c'est la ligne finalement un peu de la culture en milieu rural contre la culture dans les métropoles mais si on regarde de près en fait on se rend compte que c'est pas ça. 1:34:07 Par exemple il y a un festival de poésie, de lecture qui s'appelle Lecture sous l'arbre à Chambon-sur-Lignon qui est un tout petit village dont la subvention a été baissée par la région. 1:34:16 Donc ça montre bien qu'il y a d'autres sujets derrière qui sont 1:34:20 des bons points et des mauvais points accordés à certains directeurs, directrices d'institutions, des enjeux politiques selon telle ou telle couleur politique de telle ou telle ville. 1:34:30 J'ai encore du mal à tout décrypter. 1:34:31 Moi je veux pour autant maintenir le dialogue avec la région. 1:34:34 Je pense que nous pouvons continuer à discuter pour ne pas abandonner certaines institutions très importantes. 1:34:41 J'étais à Clermont-Ferrand il n'y a pas très longtemps 1:34:43 pour justement rencontrer l'équipe du festival de court-métrage, il n'est pas pensable d'abandonner, d'affaiblir par exemple, un festival de cette importance qui est le seul grand festival international de court-métrage en France. 1:34:54 Si c'était le cas sur cette institution ou une autre, l'État pourrait venir en aide aux institutions concernées ? 1:34:58 Je ne peux pas donner ça comme solution à chaque fois parce que sinon toutes les autres collectivités se diraient on se désengage et l'État va compenser. 1:35:05 En ce qui concerne le festival du court-métrage, ça me semble tellement important. 1:35:08 qu'avec la ville de Clermont-Ferrand et d'autres partenaires, notamment privés, nous trouvons des solutions. 1:35:15 Pour ne pas rester seulement sur Laurent Wauquiez, il y a aussi les Verts qui ont eu, et pour rester dans la région Renalpes, qui ont aussi un comportement politique, c'est le cas du maire de Grenoble, mais aussi un peu à Strasbourg, parfois à Bordeaux ou à Lyon, où on n'a pas compris toujours les choix politiques. 1:35:32 Qu'en est-il notamment vis-à-vis des petites structures, vis-à-vis des théâtres, vis-à-vis aussi de l'opéra ? 1:35:36 Comment vous réagissez sur ces questions ? 1:35:39 Là aussi, beaucoup de préoccupations. 1:35:41 Rappelons par exemple qu'à Lyon, c'est le maire de Lyon le premier qui a baissé la subvention de l'Opéra de 500.000 euros. 1:35:46 Puis c'est la région envers le Rhône-Alpes qui a baissé de 500.000 euros. 1:35:49 Voilà une baisse d'un million d'euros mais dégainée par la ville de Lyon. 1:35:53 À Strasbourg, on a vu des choix sur lesquels la maire est revenue mais de fermer un jour de plus les musées. 1:35:59 par semaine au lieu de faciliter davantage l'accès notamment des jeunes au musée. 1:36:03 A Bordeaux on a pu voir une campagne d'affichage tout de même assez ubuesque avec cette question artistes est-ce un métier qui remettait en question le soutien même aux métiers artistiques donc 1:36:15 Je reprendrais un titre que Libé a eu, qui était « brouillon de culture » en parlant des mairies écologistes. 1:36:20 Et c'est vrai que c'est regrettable, on ne voit pas de lignes claires alors qu'on aurait pu imaginer que c'était un parti progressiste qui allait soutenir davantage la culture et son accès au plus grand nombre. 1:36:30 Vous êtes déçus ? 1:36:30 Vous avez été, vous l'avez dit tout à l'heure, au cabinet de Bertrand Delannoy, il y avait des Verts. 1:36:35 On pouvait penser, au fond, que le Parti Socialiste parfois avait perdu ses idées, que les Verts et ces groupes-là les auraient à leur place et que ce serait surtout à Grenoble, ville de du Bedouin, ville, comment dire, d'innovation, là où Malraux a lancé sa maison de la culture, là où il y a une grande MC2, ce serait, les Verts seraient à la tête d'une révolution culturelle au bon sens du terme et non pas maoïste du terme. 1:36:56 Vous êtes déçus ? 1:36:57 Oui, je suis déçue. 1:36:58 Moi, je viens de cette gauche sociale-démocrate. 1:37:01 J'ai travaillé auprès de Bertrand Delannoy dans une majorité qui était une gauche plurielle. 1:37:06 On travaillait très bien avec les communistes, avec les Verts, avec les raditeaux de gauche. 1:37:11 Il y avait une ligne culturelle très forte, très ambitieuse. 1:37:16 Et là, je ne retrouve pas l'équivalent de ce que j'ai connu avec Bertrand Delannoy à la tête des mairies écologistes. 1:37:22 Et qu'est-ce que vous pouvez faire concrètement ? 1:37:25 convaincre les citoyens de mieux regarder ces sujets pour les prochaines élections municipales. 1:37:32 Il y a eu, ça ne vous a pas échappé, des émeutes, je l'ai dit tout à l'heure, des bibliothèques ont été brûlées, des maisons de jeunes de la culture. 1:37:38 Que peut la culture et quelle est votre réponse, je dirais presque à froid, je dis ça sans humour, mais le temps de réfléchir, il y a eu l'été qui est passé, depuis, qu'est-ce que vous pouvez proposer sur ce secteur ? 1:37:51 Moi ma première priorité c'est la lecture et je le disais je tiens énormément à remobiliser autour des bibliothèques parce que ce sont des lieux de proximité qui sont les plus accessibles gratuitement à la population et les réinvestir que ce soit par l'extension des horaires d'ouverture comme on l'a déjà fait grâce au plan bibliothèque suite au rapport d'Eric Orsenna ou que ce soit en développant les animations, les activités, les projets qui attireront les jeunes 1:38:17 Et par exemple avec le pass culture on développe des book clubs pour inciter les jeunes à venir aussi dans les bibliothèques. 1:38:24 C'est le sens de cette campagne que je lance mercredi prochain le 6 septembre. 1:38:27 Campagne pour faciliter les inscriptions, développer les animations, développer les activités, faire de ces lieux qui sont des lieux de transmission, des lieux de vie. 1:38:36 C'est ma priorité absolue, c'est la lecture parce que par la lecture on arrivera à toutes les autres formes de culture. 1:38:41 La base pour moi c'est le fondement aussi de la construction de la citoyenneté. 1:38:45 Alors, j'ai cherché dans l'organigramme du ministère de la Culture qui s'occupait de ces questions, justement. 1:38:48 Alors, je suis tombé sur une direction. 1:38:51 Des territoires, de la démocratisation, de la participation. 1:38:54 Vous ne voulez pas nous dire le nom parce que je n'y arrive pas. 1:38:56 C'est DGTTDC qui a inventé un sigle pareil. 1:39:01 C'est une réforme qui avait eu lieu sous Franck Riester, mais qui a le sens pour moi, qui a vraiment un sens très important, qui est d'avoir une délégation générale de la transmission au territoire 1:39:13 qui travaillent en lien avec les collectivités, qui développent des actions innovantes dans les territoires, par exemple le déploiement des microfolies. 1:39:23 Mais là on a créé aussi un fonds d'innovation territorial pour mieux travailler avec les petites communes, les élus qui ont du mal à proposer des projets qui rentrent dans les cases habituelles du ministère. 1:39:32 C'est aussi une délégation qui accompagne nos écoles, nos écoles d'enseignement supérieur artistique. 1:39:36 J'ai une grande priorité par exemple sur les écoles d'architecture dans mon budget de l'année dernière et je l'espère dans mon budget 2024. 1:39:42 C'est aussi une délégation qui suit tous les projets d'éducation artistique, qui soutient nos DRAC, nos Directions Régionales des Affaires Culturelles, pour tout ce qui touche à la transmission de la culture. 1:39:51 Et aussi la prison, je crois, là-dedans. 1:39:53 Les prisons, les EHPAD, les centres sociaux. 1:39:55 Les handicapés. 1:39:56 Ils mettent la culture partout. 1:39:57 On se le refait pour la route, on le prononce. 1:39:59 Alors DG... Délégation Générale à la Transmission, au Territoire et à la Démocratie Culturelle. 1:40:06 Voilà, DGTTDC. 1:40:08 On salue Noël Corbin, je crois qu'il la dirige, c'est ça. 1:40:10 Claire Vaumelard. 1:40:11 Oui, je reviens sur les conséquences des émeutes et la destruction d'une partie d'équipements culturels. 1:40:18 Il y a un maire LR, le maire de Saint-Gracien dans le Val-d'Oise, qui a dit je ne reconstruis pas le centre culturel Camille-Claudel tant que les émeutiers ne sont pas démasqués et j'aimerais une sorte de responsabilisation des casseurs. 1:40:33 C'est une bonne idée ça, le casseur-payeur ? 1:40:36 A votre avis ? 1:40:37 De toute façon, on a des réponses sécuritaires, régaliennes. 1:40:41 La justice va faire son travail. 1:40:43 Ces réponses-là, elles doivent être apportées. 1:40:45 On ne peut pas laisser ces faits impunis et tourner la page. 1:40:50 Ce qui s'est passé est absolument très grave. 1:40:51 Donc ça, ces réponses, elles seront apportées. 1:40:55 Pour autant, moi je reste persuadée que la réponse culturelle elle est indispensable aussi, qu'on ne peut pas laisser ces quartiers sans bibliothèques, sans théâtre, sans cinéma, parfois ce sont des cinémas aussi qui ont été détruits. 1:41:05 Donc on sera au rendez-vous de la reconstruction et on sera au rendez-vous de l'appui aux acteurs culturels de terrain qui font ce travail de fourmis, d'acupuncture je dirais même, 1:41:15 au plus près du terrain pour tisser des liens avec ces populations, pour amener des artistes, pour réveiller les imaginaires, pour amener autre chose que la violence. 1:41:26 Une question sur le patrimoine, on oublie souvent ce type de sujet mais il se trouve que les journées européennes du patrimoine arrivent bientôt, ce sera les 16 et 17 septembre prochains. 1:41:35 Avec un axe cette année patrimoine et sport, la conférence de presse vous l'avez faite ce jeudi. 1:41:40 Oui, on a décidé d'entrer pleinement dans cette Olympiade culturelle qui nous amènera aux Jeux Olympiques avec les Journées Européennes du Patrimoine et en amenant une touche nouvelle, un spécial sport. 1:41:52 Évidemment, on pourra voir comme tous les ans 20 000 monuments historiques, sites patrimoniaux remarquables un peu partout en France. 1:41:58 Mais on pourra voir aussi des sites sportifs, des piscines iconiques, des vieux gymnases, des jeux de paume, des stades emblématiques. 1:42:06 Et surtout, on pourra voir des 1:42:09 spectacles, des performances, des événements qui mêlent culture et sport dans des monuments, dans des gymnases, dans énormément de lieux. 1:42:15 Et notamment au ministère de la Culture, je vous invite à venir au Palais Royal pour voir un spectacle de la circassienne Raphaëlle Boitelle. 1:42:24 Elle fait du cirque, mais avec aussi des 1:42:27 Voilà, des artistes qui sont entre le sport, l'athlétisme et le cirque et qui seront en hauteur, visibles depuis les jardins du Palais-Royal, les 16, 17 septembre et même avant puisque toutes les répétitions, à partir de maintenant, sont ouvertes au public et si on passe dans le quartier, qu'on lève les yeux, on les verra travailler. 1:42:45 Une question d'Emmanuel Paquette qui en avait oublié une tout à l'heure. 1:42:48 Exactement, deux même si je peux. 1:42:49 Mais la première, c'est sur le financement de l'audiovisuel public. 1:42:53 La redevance n'existe plus. 1:42:54 Aujourd'hui, c'est la TVA qui finance France Télévisions et Radio France, mais c'est transitoire. 1:42:58 Est-ce que vous avez déjà une solution pérenne pour le financement de l'audiovisuel public à l'avenir, après le financement par la TVA ? 1:43:05 Et faites attention parce que la présidente de Radio France vient de rentrer dans le studio pour vous accueillir, elle vous écoute. 1:43:10 Alors, moi mon souhait, et c'est ce qui est en train d'être discuté en ce moment, c'est de pouvoir pérenniser ce mode de financement qui est de flécher une partie de la TVA déjà collectée, une fraction de cette TVA, vers les entreprises de l'audiovisuel public. 1:43:26 Donc c'est quelque chose qui sera... Et de le rendre pérenne. 1:43:30 C'est mon souhait et ma proposition, mais ça va nécessiter un débat parlementaire. 1:43:34 L'autre petite question, c'était concernant l'intelligence artificielle. 1:43:38 On l'a vu cet été, mais ça fait déjà un petit moment. 1:43:40 Ça touche quasiment tous les domaines de la culture, la musique, puisqu'on a vu des clonages de voix de grands chanteurs, donc ça pose des questions de droits d'auteur, de copyright aux Etats-Unis et de droits d'interprétation en France. 1:43:50 On l'a vu aussi avec les scénaristes qui ont peur d'avoir des scénarios qui sont quasiment faits par une intelligence artificielle. 1:43:56 On l'a vu avec même les acteurs qui se disent qu'on peut remplacer leur visage par une simulation numérique. 1:44:02 On le voit aussi avec des auteurs de livres qui disent qu'on peut peut-être copier leur style et faire des ouvrages. 1:44:07 Est-ce que c'est quelque chose sur lequel vous pensez ouvrir une discussion pour une réglementation, une régulation française ? 1:44:14 Sachant qu'il y a un acte européen mais qui ne va pas couvrir ce champ-là, en tout cas pas totalement. 1:44:18 Est-ce que c'est quelque chose qui vous inquiète et sur lequel vous allez vous pencher ? 1:44:21 C'est un sujet vraiment qu'il faut qu'on prenne en européen et pas seuls les français. 1:44:26 Oui, c'est ce que dit le président lundi encore. 1:44:28 Oui, il a raison et d'ailleurs ça fera partie de nos rencontres franco-allemandes bientôt mais aussi d'un conseil européen des ministres de la culture en Espagne dans quelques semaines. 1:44:39 Et c'est un sujet vraiment qu'on doit porter avec nos voisins européens. 1:44:44 et il y a effectivement cet IAACT qui arrive. 1:44:47 L'enjeu c'est de pouvoir prendre le meilleur de l'intelligence artificielle parce que je suis sûre qu'il y aura des évolutions y compris pour la création qui vont ouvrir des horizons fascinants, mais de limiter les risques, de se mettre d'accord sur une réglementation, de poser des conditions de traçabilité, de transparence, de savoir quand une intelligence artificielle est utilisée notamment pour pouvoir ensuite vérifier ce qu'on fait en matière de droit d'auteur, de répartition de la valeur, ce sera des sujets très complexes. 1:45:13 Est-ce que vous connaissez le mot créatec ? 1:45:16 Non. 1:45:16 C'est en fait les créatifs qui sont aussi des tecs, voilà. 1:45:19 Assez facile à comprendre. 1:45:21 Mais ma question... Les geeks de la création. 1:45:23 Exactement. 1:45:23 Est-ce que le ministre, la ministre en l'occurrence de la Culture, se sent aussi concerné par cette population-là ? 1:45:29 Souvent on a tendance à penser que le ministre de la Culture 1:45:32 s'occupe des artistes et qu'il est un peu réticent ou un peu méfiant vis-à-vis de la tech ou des techs. 1:45:38 Et là, il y a toute cette population, on parle sans doute de peut-être plus d'un million de personnes en France qui sont à la fois dans la création, mais aussi dans la tech, ce qu'on appelle parfois la classe créative aussi. 1:45:46 Est-ce que vous les embrassez, vous les accueillez, vous les aimez comme les autres ? 1:45:50 Bien sûr, c'est une force culturelle et économique pour notre pays, le ministère de la culture et aussi le ministère des entrepreneurs culturels, des industries créatives, du jeu vidéo, de l'animation et de toutes les nouvelles expériences qui sont en train de se développer, les expériences immersives, la réalité virtuelle, le métavers qu'on embrasse aussi puisque nous allons lancer dans quelques jours un appel à projet dans notre plan d'investissement France 2030 pour la création immersive et le développement de la création dans le métavers. 1:46:18 Les NFT, on a par exemple le Centre Pompidou qui a lancé sa première NFT, l'Opéra de Paris aussi. 1:46:24 On est aux côtés des lieux culturels pour qu'ils fassent leurs jumeaux numériques. 1:46:27 Ces évolutions-là sont très importantes pour s'adresser aussi à de nouveaux publics, pour s'adresser à la jeune génération, pour s'adresser à l'international, à un monde encore plus vaste. 1:46:37 Ce sont des enjeux absolument déterminants pour l'avenir. 1:46:40 Rima Abdul-Malak, ministre de la Culture et des Créatecs. 1:46:44 Merci infiniment d'avoir été notre invitée ce soir. 1:46:47 On a appris tout à l'heure un très grave accident concernant Mathieu Kassovitz, le cinéaste, et qui est très gravement hospitalisé depuis quelques minutes. 1:46:58 On a aussi appris la disparition de François Ghez, cette semaine. 1:47:00 Un mot peut-être, brièvement ? 1:47:02 Oui, c'était un grand éditeur et je pense que l'édition scientifique, la vulgarisation scientifique sont des enjeux très importants. 1:47:09 J'espère que la relève sera là pour lui comme pour d'autres maisons d'édition. 1:47:14 Merci infiniment d'être venu dans Soft Power pour faire votre rentrée politique. 1:47:18 Reema Abdul-Malak, ministre de la Culture, vous revenez dès que vous aurez des annonces, on vous réinvite. 1:47:25 Cette émission a été réalisée ce soir par Pérez-Legras. 1:47:28 La semaine prochaine, dans Soft Power, nous consacrerons notre émission à l'Espagne qui préside depuis cet été l'Union Européenne et dont les élections au cours de l'été n'ont pas permis de trouver une majorité. 1:47:36 On cherche encore. 1:47:37 C'est la fin de cette tranche d'actualité en direct. 1:47:39 Culture, médias, internationales, numériques. 1:47:41 Merci Manuel Paquette, Claire Beaumelard, 1:47:43 du Figaro.